Nicolas Sarkozy a accueilli Barack Obama avec enthousiasme vendredi à Strasbourg, pour leur premier tête-à -tête entre présidents. Il a affirmé partager "une très grande identité de vues" avec son hôte américain et salué comme "une sacrée bonne nouvelle" le fait que ce dernier comprenne "que le monde ne se réduit pas à son seul pays".
"Il y a une très grande identité de vues", a assuré le président français au terme de la rencontre, qui s'est déroulée dans un palais du XVIIe du centre-ville historique, au pied de la fameuse cathédrale alsacienne. "Ca fait du bien de travailler avec un président des Etats-Unis qui a envie de changer le monde et qui comprend que le monde ne se réduit pas à son seul pays. C'est une sacrée bonne nouvelle pour l'année 2009", a-t-il dit, sans évoquer plus directement l'ancien président américain George W. Bush. A quelques heures du début du sommet de l'OTAN, les deux hommes ont mis en avant leur entente, en particulier sur l'Afghanistan. Sur ce point Barack Obama a tenu à "remercier publiquement" la France pour son engagement, tandis que Nicolas Sarkozy réitérait son plein soutien à la nouvelle stratégie américaine. Le président français a cependant confirmé que la Paris n'enverrait pas plus de soldats sur place, alors que les Etats-Unis souhaitent des renforts. Le président américain "sait très bien que la France a fourni un effort très important sur le plan militaire l'an dernier" et n'en a pas demandé plus, a affirmé à la presse le représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan, Pierre Lellouche. La France contribuera en aidant à la formation des forces de l'ordre afghanes. Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que la France était disposée à accueillir un ancien prisonnier de Guantanamo pour aider à la fermeture de cette prison américaine pour terroristes présumés. Il s'agit d'un Algérien, a précisé l'entourage du président. Ce dernier s'est dit "heureux" de la fermeture prochaine de la prison qui "n'était pas conforme aux valeurs des Etats-Unis" à ses yeux. "J'ai pris la décision de fermer Guantanamo parce que je pense que ça ne rend pas l'Amérique plus sûre", a expliqué M. Obama. Retardés par un ciel un peu couvert, le président américain et son épouse Michelle, vêtue d'une robe fuchsia à manches courtes sous un manteau à fleurs assorti, étaient arrivés plus d'une demi-heure après l'horaire prévu au palais des Rohan. A leur descente de voiture, ils ont été embrassés par Nicolas Sarkozy et son épouse Carla, vêtue d'une robe manteau gris-beige, et se sont attardés pour serrer les mains de quelques dizaines de personnes enthousiastes, membres de l'UMP invités par le parti pour la plupart. Les deux couples se sont parlé quelques minutes avant que les deux dirigeants ne s'isolent pour un bref tête-à -tête. Une rencontre élargie aux ministres et conseillers a suivi pendant près d'une heure, pour aborder les grands dossiers internationaux: Afghanistan, OTAN, Iran, Russie et Moyen-Orient. Pendant ce temps, les épouses ont eu droit à un déjeuner préparé par le chef étoilé Christophe Bohrer du restaurant le Crocodile, dans un autre salon de ce palais qui abrite trois musées. Au menu: asperges vertes et coquilles saint-Jacques marinées, pintade en croûte de pommes de terre farcie au foie gras, et coque chocolat aux agrumes, le tout accompagné de Pinot gris et de Pomerol 1999. Nicolas Sarkozy, qui a dû patienter pour obtenir ce premier rendez-vous depuis l'élection de Barack Obama, a par ailleurs confirmé que le président américain reviendrait le 6 juin pour célébrer l'anniversaire du Débarquement de 1944 -"dans cette Normandie où tant de jeunes de ton pays reposent sous la terre", a-t-il lancé à son interlocuteur en le tutoyant. "On lui fera un accueil extraordinaire", a déjà promis M. Sarkozy. AP