Le numéro un de la junte, le chef d'escadron , au pouvoir depuis le coup d'Etat du 18 février au Niger, a pris mardi ses fonctions de président par intérim, avant la tenue d'élections dont il a promis de superviser l'organisation.
A Dakar, le responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho) Alioune Tine, a toutefois mis en garde mardi contre le "risque" que le chef de la junte "s'éternise au pouvoir" après la déclaration des putschistes annonçant lundi soir que leur leader devenait président pour une "période de transition" dont la durée n'a pas été précisée.
Salou Djibo, qui dirige le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), a été nommé nouveau chef de l'Etat et chef du gouvernement, selon une ordonnance lue à la radio publique.
La junte, qui s'est emparée du pouvoir à l'issue de combats autour du palais présidentiel ayant fait au moins trois morts le 18 février, va vraisemblablement être sous pression dans les semaines à venir pour fixer la date des élections.
Le a été condamné par la communauté internationale, qui a multiplié les appels à un retour rapide des règles démocratiques. Mais il a été salué par la rue, avec des manifestations de soutien de milliers de personnes à Niamey et dans d'autres grandes villes du pays après une année de crise politique.
Les initiatives de la junte seront observées de près par la France et la Chine notamment, le Niger étant le principal fournisseur d'uranium pour les installations nucléaires des deux pays.
Le géant français Areva, le plus important employeur privé du Niger, investit 1,2 milliard d'euros dans un nouveau projet pour développer la seconde mine d'uranium la plus importante au monde, à Imouraren (nord-ouest).
La junte qui a suspendu la Constitution très controversée d'août 2009 et dissous le gouvernement, a annoncé des élections mais sans en préciser la date et sans annoncer de calendrier pour la remise du pouvoir aux civils.
Elle a toutefois promis d'impliquer tous les partenaires politiques pendant la "période de transition".
Le président par intérim pourra nommer ou destituer les ministres, y compris le Premier ministre, par simple décret. Un "Comité constitutionnel" et une Cour d'Etat seront créés pour remplacer la Cour constitutionnelle et la Cour suprême, dissoutes après le coup d'Etat.
Un "organe", créé sous l'autorité du président du CSRD, sera chargé de rédiger un code pénal et une nouvelle Constitution qui sera soumise au référendum pour son adoption, précise l'ordonnance.
L'ancien président Mamadou Tandja, arrêté le 18 février lors du coup mené en plein conseil des ministres, serait détenu dans une résidence officielle, de même que des ministres, selon la direction militaire.
Le Niger, vaste pays sahélien, est entré dans une période de crise en 2009 lorsque M. Tandja, dont le dernier quinquennat s'achevait en décembre, s'était maintenu au pouvoir en faisant adopter une Constitution prolongeant son mandat.
Cette décision avait suscité de la colère dans le pays et à l'étranger et l'Union européenne, principal pourvoyeur de fonds, avait suspendu son aide. - AFP