Les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle en Guinée, l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l'éternel opposant Alpha Condé, se sont dits mercredi tous deux confiants de l'emporter au terme d'une élection considérée comme historique.
La cour suprême a confirmé mardi soir leur score respectif de 43,69% et 18,25% des voix au premier tour du 27 juin après avoir examiné diverses contestations.
La date du second tour n'a pas encore été fixée, mais la commission électorale pourrait proposer le dimanche 8 août, a indiqué à l'AFP l'un de ses responsables.
Sans surprise, les Guinéens vont devoir départager deux grands leaders de partis, pour cette première élection libre après 52 ans de dictatures
M. Dalein Diallo, 58 ans, a finalement obtenu 449.090 voix de plus que M. Condé, 73 ans au premier tour, selon la Cour suprême.
Alors que différents partis dénonçaient des irrégularités et des fraudes, le tribunal a finalement annulé un grand nombre de bulletins. Il a "invalidé purement et simplement" les suffrages de deux grandes communes de Conakry, Matam et Ratoma, et de trois villes importantes, Kankan, Mandiana (Haute-Guinée) et Lola (Guinée forestière).
Le candidat de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Dalein Diallo, renforce sa position, son score passant de 39,72% selon les résultats provisoires à 43,69% selon le décompte définitif.
Membre de l'ethnie peul, il avait été plusieurs fois ministre sous le régime militaire du défunt général Lansana Conté (1984-2008) et avait dirigé le gouvernement de décembre 2004 à avril 2006.
"Je fais confiance au peuple de Guinée des quatre régions naturelles pour me porter au pouvoir", a déclaré à l'AFP M. Dalein Diallo.
"J'en appelle pour cela aux autres candidats qui n'ont pas eu la chance d'aller au second tour", a-t-il dit, citant notamment les noms de deux autres anciens Premiers ministres, Sidya Touré et Lansana Kouyaté, qui ont réuni respectivement 13,62% et 7% des suffrages.
De son côté, le représentant du Rassemblement pour le peuple de Guinée, Alpha Condé, a vu son score baisser de 20,67% à 18,25%.
Mais il compte notamment "sur les abstentionnistes pour remporter l'élection". "De toutes les façons, je suis confiant parce que le changement, c'est moi! Il faut barrer la route à la gabegie, aux détournements et aux mauvaises habitudes", a déclaré à l'AFP M. Condé.
Membre de l'ethnie malinké, il s'était opposé à tous les régimes depuis l'indépendance, ce qui lui avait valu d'être condamné à mort par contumace sous Sékou Touré, puis de passer deux ans et demi en prison (1998-2001) sous Conté.
Quant au candidat Sidya Touré, qui avait vivement contesté les résultats provisoires, il a "pris acte" des résultats définitifs et annoncé qu'il donnerait ses consignes de vote "dans les heures ou jours qui viennent".
Ce scrutin intervient après une année marquée par le massacre de 156 opposants par l'armée en septembre à Conakry, puis la tentative d'assassinat du chef de la junte, Moussa Dadis Camara, par son propre aide de camp, en décembre.
Les Guinéens attendent impatiemment un retour à la normale, alors que l'économie se trouve quasiment à l'arrêt depuis des années. Leur pays, au sous-sol riche mai où la pauvreté s'accroît, est le premier exportateur mondial de bauxite.
La France (ex-puissance coloniale) et la communauté internationale "se tiennent aux côtés de la Guinée dans ce moment crucial de son histoire", a déclaré le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner.
Il a appelé "le peuple guinéen et en particulier les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité, de civisme et de retenue". - AFP