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Elections présidentielle et législatives en Centrafrique

Jan 23, 2011

La paix est le principal enjeu des élections présidentielle et législatives centrafricaines de dimanche pour lesquelles plus de 1,8 million de citoyens sont appelés à voter dans un pays miné par les conflits alors que l'opposition doute de la régularité du scrutin.

Le président sortant François Bozizé est donné favori. Elu en 2005, il était arrivé au pouvoir deux ans plus tôt par un coup d'Etat dans ce pays rendu exsangue par de multiples rébellions, mutineries militaires et putsch.

Face à M. Bozizé, quatre autres candidats sont en lice. Les principaux sont le président qu'il a renversé Ange-Félix Patassé (1993-2003), l'ex-Premier ministre (2001-2003) Martin Ziguélé, un ancien assureur réputé bon gestionnaire, et Jean-Jacques Demafouth, ex-ministre de la Défense et chef d'une des principales ex-rébellions.

Les opérations de vote, qui devaient débuter à 06H00 locales (05H00 GMT), ont commencé avec du retard dans l'ensemble du pays. A Bangui, des files d'électeurs étaient visibles toute la journée dans différents bureaux surveillés par les forces de l'ordre.

"J'espère que ces élections apporteront la paix", dit Rodrigue Koussidanga, un ouvrier de 36 ans.

"Je veux que ces élections fassent évoluer le pays. Je veux du travail. Pour ça, il faut la paix et la sécurité", ajoute Gervain Koufeu. Ce vendeur ambulant de boissons 26 ans, est marié et père de deux enfants, il affirme gagner entre 6.000 et 15.000 FCFA par jour (entre 9 et 18 euros).

Ruffin Bandandele, gardien, dit avoir voté Bozizé. "Avant lui, c'était les problèmes. Depuis qu'il est là, c'est calme et il y a du travail. Premier tour K.O.", pronostique-t-il.

Michel Allé, un cadre de 53 ans est d'un avis contraire: "Voter Bozizé c'est conclure un pacte avec la mort" et "permettre aux forces de défense et de sécurité d'accentuer les exactions contre les civils et de commettre des violations des droits de l'Homme".

Quelque 1.500 observateurs nationaux et internationaux supervisent le scrutin qui devait se dérouler jusqu'à 16H00 (15H00 GMT) mais les bureaux pourraient fermer plus tard.

Les résultats provisoires devraient être connus dans les huit jours et la Cour constitutionnelle a 15 jours pour les valider ou non.

Dimanche, M. Ziguélé s'est déclaré "inquiet parce qu'on retrouve les mêmes problèmes partout: des gens qui ont des cartes mais qui ne sont pas sur les listes".

"Il y a des fausses cartes, des fausses listes électorales, des tentatives de vote multiples. C'est de la fraude et nous allons porter plainte auprès de la CEI et de la Cour constitutionnelle", a affirmé Guy Simplice Kodegue, porte-parole de Patassé.

M. Bozizé a balayé ces accusations: les opposants "ne seront jamais satisfaits. Je suis un simple électeur et candidat, attendons le résultat".

Cephas Germain Ewangui, chef de la mission des observateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), a estimé samedi que d'éventuelles contestations mal gérées, "peuvent créer des conditions de déstabilisation du pays".

Sur le plan sécuritaire, le ministre de la Défense Jean-Francis Bozizé, fils du président, a assuré: "Aucun problème grave n'est signalé, tant à Bangui qu'en province mais nous restons vigilants".

L'instabilité a empêché le pays, pourtant riche en matières premières (uranium, diamants, bois, or), de se développer. En 2008, le pays a amorcé un grand dialogue national rassemblant pouvoir, opposition et rébellions. Ces élections, si elles sont justes et transparentes, sont l'aboutissement du processus, selon de nombreux observateurs. - AFP