La France s'est engagée mercredi à aider la Guinée à renouer avec les institutions financières internationales, FMI et Banque mondiale, et à contribuer au redressement de l'économie et des institutions du pays.
Recevant le nouveau président guinéen Alpha Condé, élu fin 2010, Nicolas Sarkozy a tenu à saluer le retour de la démocratie dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, a indiqué l'Elysée.
[Cliquez sur ce lien pour voir les photos du Président Alpha Condé à l’Elysée]
Il a souligné la nécessité que cette expérience réussisse et assuré son interlocuteur que "la France sera à ses côtés pour l'aider dans l'action de redressement qu'il a entreprise".
Elle le fera de manière directe, via une aide bilatérale s'agissant notamment de la réforme des forces armées ou pour la restructuration des secteurs de l'eau, de l'électricité et de l'agriculture.
"La France aidera aussi la Guinée à renouer avec les institutions financières internationales", a déclaré la présidence française.
L'enjeu est la reprise du processus d'annulation de la dette extérieure publique (3,2 milliards de dollars) de la Guinée, bloqué par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale depuis 2009, en raison du coup d'état militaire qui avait suivi la mort du président Lansana Conté et du défaut de paiement sur les intérêts de cette dette.
Vainqueur surprise des premières élections libres depuis l'indépendance du pays en 1958, Alpha Condé, un ancien opposant qui a passé une grande partie de sa vie en exil en France, a souligné que les premiers pas démocratiques de son pays se heurtaient à une situation économique délicate.
"Nous comptons sur la France pour nous aider à passer ce cap difficile en attendant que nous ayons fini notre code minier", a-t-il dit à sa sortie de l'Elysée.
LEGISLATIVES "APRES LA SAISON DES PLUIES"
La réforme de ce code minier est le projet phare du nouveau président guinéen, qui en attend un meilleur partage des revenus des ressources d'un secteur au potentiel énorme qui contribue pour plus de 60% aux exportations du pays et pour seulement 25% aux recettes de l'Etat.
Alpha Condé a indiqué d'autre part que Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il se rendrait "très bientôt" en Guinée et a confirmé son intention d'organiser cette année des élections législatives, "après la saison des pluies".
Interrogé sur l'octroi de la concession du port de Conakry au groupe Bolloré (BOLL.PA: Cotation) au détriment d'une autre société française, Getma International (groupe Necotrans), qui en assurait la gestion depuis 2008, il a démenti tout favoritisme et indiqué que cette dernière avait été écartée parce qu'elle ne tenait pas ses engagements.
"Si dans deux ans Bolloré ne remplit pas les engagements, j'enlèverai aussi la convention", a-t-il dit.
Alpha Condé a réfuté toute collusion avec le patron de Bolloré, Vincent Bolloré, qui préside aussi Havas, un groupe dont une filiale, Euro RSCG, a participé à l'organisation de sa campagne présidentielle.
"Je me suis battu pendant 50 ans. Je n'ai besoin de personne pour mener mon combat, je ne crois pas que Vincent Bolloré était avec moi en prison", a-t-il dit.
Quant à la décision de Necotrans de saisir la justice française de son différend avec Bolloré, il a déclaré qu'il s'agissait "d'une affaire franco-française qui ne regarde pas la Guinée".
A la question de savoir si cette affaire n'était pas de nature à décourager les investisseurs étrangers de venir en Guinée, le président a répondu qu'il profiterait de son séjour à Paris pour convaincre des groupes comme EDF ou la Saur de revenir dans son pays.
Dans une interview publiée mercredi par le Figaro, il a laissé entendre en outre que la Guinée pourrait rejoindre la zone franc.
"Ma priorité, c'est d'assainir la situation économique et financière. Mais il est évident que la Guinée ne peut rester isolée comme sur la planète Mars", a-t-il déclaré. - AfricaLog avec Reteurs