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Incidents liés au retour de Cellou Dalein Diallo: La version du Gouvernement

Apr 05, 2011

Le dimanche, 3 avril 2011, le Président de l’UFDG, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, après un peu plus de trois mois d’absence, a fait son retour au pays. Un retour mouvementé marqué par des incidents diversement interprétés selon que l’on est du camp proche du leader ou de celui du gouvernement.

La veille déjà, le gouverneur de la Ville de Conakry avait fait diffuser un communiqué interdisant toute manifestation de rue. Les militants de l’UFDG ne se sont pas sentis concernés par cette interdiction. Finalement, ce qui devait arriver arriva : accrochages entre militants euphoriques et forces de l’ordre. Chaque camp rapporte un bilan différent de celui de l’autre.

Selon le Président de l’OGDH (Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme), Thierno Maadjou Sow : « Les forces de l’ordre de l’ordre ont tiré sur les militants à balles réelles. La direction du parti m’a dit qu’il y a eu trois morts. Deux à Bambéto, un en face de la radio Familia. Il y a eu des blessés. Il y a eu des arrestations. On m’a dit 60 au niveau de la sécurité. Au niveau du parti, on m’a dit qu’il y a eu beaucoup plus.»

Le Président de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée), Cellou Dalein Diallo fulmine: « Lorsqu’on est Président, quelles que soient les conditions dans lesquelles on a accédé à ce poste, on doit se montrer le Président de tous les Guinéens. Ecoutez les uns et les autres. Essayez d’obtenir le consensus et se tourner vers des objectifs plus nobles que des règlements de compte. C’est-à-dire réconcilier la Guinée, promouvoir le développement et favoriser une réconciliation crédible.»

Le Président de l’UFR (Union des Forces Républicaines), ancien membre de l’"Alliance Cellou Dalein Président", Sidya Touré réagit en ces termes : « ça c’est quelque chose, à mon sens, d’inacceptable. Il faut qu’on se dise les choses très clairement. Nous avons un Président de la République qui a fait partie de l’opposition guinéenne ici, pendant plus de vingt ans et qui, à chaque fois, je me rappelle, à son retour de l’étranger, a été reçu par ses militants. Je ne vois aucune explication logique à ce qu’on peut dire que les militants d’un autre parti ne peuvent pas faire la même chose dans la mesure – en plus - où c’était un dimanche (…) Ceci est inacceptable.»

Sur un autre plan, il a été rapporté que deux journalistes de radios libres (Djigui FM et Atlantic FM) auraient été interpellés et roués de coups. Par la voix de son Président par intérim, l’URTELGUI (Union des Radios et Télévisions Libres de Guinée) condamne cet acte des forces de l’ordre. Ibrahima Diallo qui est aussi le directeur général de la radio Liberté FM estime que c’est une atteinte à la liberté de la presse : « Deux de nos journalistes ont été bastonnés. L’un, Aly Sylla de Djigui FM, a été intimidé et son matériel de travail retiré. L’autre, Billy Nankouman Condé de Atlantic FM, a été interpellé et tabassé. Lui, aussi, s’est vu son matériel confisqué. Donc, nous, au niveau de l’URTELGUI, nous condamnons cet acte des forces de sécurité parce que nous ne comprenons pas, qu’étant de plain-pied dans l’ère de la démocratie, la presse qui en est le garant, soit ainsi malmenée. C’est vraiment dommage, c’est décevant que cette démocratie se voit en train de prendre du recul ; parce que tout simplement, certains lobbies qui sont là, ne veulent pas du tout qu’il y ait la liberté d’expression. Je demande au gouvernement, au Conseil National de la Communication et au Ministère de l’Information, de prendre des mesures idoines pour éviter ce genre de désagréments. Que les journalistes puissent tranquillement faire leur boulot en Guinée. »

Dans l’édition de 20h 30 du journal télévisé du lundi, 04 avril, le Gouvernement a donné sa version des faits à travers une déclaration signée du Ministre de l’Information, de celui de l’Administration du Territoire et du Ministre d’Etat à la Sécurité et la Protection Civile.
Voici cette déclaration :
« Nous avons appris avec indignation des propos mensongers et injurieux voire dangereux prononcés par des autorités de certains partis politiques et d’ONG sur des radios internationales et locales au sujet des incidents intervenus lors du retour en Guinée du Président de l’UFDG

Le Gouvernement tient à rappeler qu’il avait diffusé des communiqués interdisant les manifestations de rue, les cortèges et autres regroupements à caractère politique pour la préservation de la paix en ce lendemain des élections présidentielles.

En réponse à des courriers envoyés aux autorités locales par l’UFDG, le Gouverneur de Conakry a signifié à ce parti politique que pour des raisons de maintien de l’ordre public, le retour au pays de Monsieur Cellou Dalein Diallo devrait se dérouler sans cortège, ni regroupement.

Des services de l’ordre ont été déployés à certains carrefours pour prévenir tout incident fâcheux.

Nonobstant toutes ces dispositions, ce parti politique a mobilisé des jeunes en violation de toutes les instructions données.

Ainsi, les services de sécurité ont désarmé près de 40 gardes rapprochés, en bérets rouges. Ils sont actuellement objet d’interpellation. Il revient à la justice de statuer sur leur sort. Dans le souci de minimiser les risques de désordre, un itinéraire sécurisé avait même été indiqué à Monsieur Cellou Dalein DIALLO qu’il a refusé d’emprunter.

Des incidents ont éclaté à certains carrefours, point de regroupement de certains jeunes du dit parti qui y avaient pris position. Des jets de pierre sur des forces de l’ordre, des voitures caillassées, des usagers de la circulation malmenés, de simples promeneurs blessés et même des familles soupçonnées d’appartenir à d’autres formations politiques ont été agressés faisant des blessés graves.

Nous tenons à préciser que les services de police et de gendarmerie n’ont pas fait usage d’arme à feu. Aucun cas de décès ou de blessure par balle n’a été porté à notre connaissance.

Le Gouvernement réaffirme son attachement au respect des droits de l’homme, notamment la libre circulation, les droits politiques sans lesquels la construction d’un état de droit et d’un système démocratique serait illusoire.

Nous invitons tous les leaders d’opinion à commencer par les hommes politiques à observer et faire observer ces principes cardinaux de la démocratie et de l’état de droit pour la préservation de la quiétude sociale dans notre pays.

Le Ministre de l’Information
Le Ministre de l’Administration du Territoire
Le Ministre d’Etat à la Sécurité et la Protection Civile »

Au moment où nous mettions en ligne le présent article, un coup de fil nous annonçait l’interpellation de la dame Yarie Briqui, une mareyeuse aujourd’hui en disgrâce depuis la dernière présidentielle et qui serait l’une des organisatrices de la réception de Cellou Dalein Diallo.

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