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La rébellion libyenne rejette la «feuille de route» de l’UA

Apr 12, 2011

La rébellion libyenne a rejeté lundi à Benghazi (est) le cessez-le-feu proposé par l'Union africaine (UA), pourtant accepté la veille par Mouammar Kadhafi, expliquant qu'elle refuserait toute médiation ne prévoyant pas un départ immédiat du dirigeant.

«L'initiative qui a été présentée aujourd'hui est dépassée. Le peuple réclame le départ de Mouammar Kadhafi et de ses fils», a déclaré le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, lors d'une conférence de presse après une rencontre avec les médiateurs africains.

«Toute initiative ne tenant pas compte de cette demande n'est pas digne de considération (...). Kadhafi et ses fils doivent partir immédiatement s'ils veulent avoir la vie sauve», a-t-il insisté.

Dans l'après-midi, le CNT a reçu une délégation de présidents africains mandatés par l'UA pour plaider en faveur d'un cessez-le-feu dans le cadre d'une «feuille de route» acceptée dimanche par M. Kadhafi.
Cette «feuille de route» prévoyait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue en vue d'une transition, mais pas le départ immédiat du colonel au pouvoir depuis plus de 40 ans et confronté depuis mi-février à une rébellion.

Les présidents africains - Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Denis Sassou Nguesso (Congo) et le ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello - accueillis à Benghazi par des milliers de personnes scandant «Va-t'en Kadhafi», ont quitté leur hôtel lundi. Ils étaient attendus dans la soirée à Alger.

Dimanche, ils avaient rencontré à Tripoli le colonel Kadhafi dans sa résidence de Bab el-Aziziya. «La délégation du frère leader a accepté la feuille de route», avait annoncé dans la soirée le président sud-africain Jacob Zuma, qui avait mené la délégation avant de quitter le pays dimanche.
L'Union européenne a apporté son soutien aux «efforts de l'UA en vue de trouver une solution politique».

Mettant en garde contre le risque de voir une crise prolongée faire le lit d'Al-Qaïda, l'OTAN s'est aussi dite ouverte à un cessez-le-feu qui débouche vite sur des réformes politiques.
Mais cet éventuel cessez-le-feu devra être «crédible et vérifiable», a déclaré le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, rappelant que Tripoli avait déjà annoncé plusieurs cessez-le-feu sans les respecter.

Sur le terrain, les rebelles ont repris lundi la ville d'Ajdabiya, noeud de communications à 160 km au sud de Benghazi, au terme de violents combats qui ont fait au moins une cinquantaine de morts, principalement des membres des forces gouvernementales tués par des frappes de l'OTAN.
Les rebelles ont annoncé avoir enterré près d'Ajdabiya 35 combattants pro-Kadhafi, et un journaliste de l'AFP a vu une dizaine de pick-up calcinés, équipés de mitrailleuses lourdes, sur l'ancienne ligne de front dans la ville.

Selon un médecin de l'hôpital d'Ajdabiya, un hélicoptère des rebelles, visé dimanche par des tirs des pro-Kadhafi à l'ouest de la ville, a été retrouvé avec trois morts et un blessé grièvement brûlé. Dimanche, les hôpitaux de Benghazi avaient annoncé avoir reçu douze morts, dont au moins neuf rebelles, victimes des combats à Ajdabiya.

L'OTAN, qui avait qualifié dimanche de «désespérée» la situation des civils à Ajdabiya et à Misrata, bastion rebelle dans l'ouest bombardé depuis des semaines par les pro-Kadhafi, a annoncé avoir détruit depuis samedi 49 chars, 9 véhicules de transport blindés, trois batteries antiaériennes et quatre grands dépôts de munitions, en grande majorité autour de ces deux villes.

Selon l'Alliance, les pro-Kadhafi continuent de masser des chars et des blindés autour et dans Misrata. Tôt dimanche matin, ils ont aussi bombardé la ville pendant plus de 30 minutes.

«Nous savons que nos frappes ont de l'effet, ses forces montrent des signes de confusion, mais nous allons maintenir la pression», a assuré le général canadien Charles Bouchard, qui dirige les opérations de l'OTAN en Libye.

Le chef d'état-major de l'armée de l'air française, le général Jean-Paul Palomeros, a dit s'attendre à «des opérations de longue durée», et reconnu que les missions des pilotes étaient difficiles, en raison de la mobilité des forces gouvernementales, qui utilisent de plus en plus de véhicules légers.

Selon un responsable du Pentagone, l'intervention militaire en Libye a déjà coûté plus de 608 millions de dollars aux États-Unis.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé dimanche son inquiétude au sujet des milliers de réfugiés égyptiens, soudanais, tchadiens ou d'autres pays bloqués près du port de Misrata, sous des bâches et des abris de fortune.

À Lampedusa, deux nouvelles embarcations transportant des dizaines de personnes chacune sont arrivées dans la nuit de dimanche à lundi, portant à 1 500 le nombre de migrants sur la petite île italienne. Environ un tiers d'entre eux sont des réfugiés d'Afrique subsaharienne qui ont fui la Libye. - AFP