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Kadhafi est "fini" assure Juppé

May 15, 2011

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a appelé à intensifier la pression militaire sur le régime du colonel Mouammar Kadhafi qui, a-t-il estimé, est "fini", dans un entretien publié samedi par le quotidien arabe Al-Hayat.

"Nous souhaitons intensifier la pression militaire parce que compte-tenu de la personnalité de Kadhafi, il ne comprendra que cela, c'est-à-dire la force", a déclaré M. Juppé, estimant que les frappes de l'Otan avaient "largement protégé les populations" civiles.

"Il ne s'agit pas de partir pour des mois et des mois d'intervention en Libye, c'est une question de semaines", a-t-il dit, soulignant que la pression militaire s'exerçait parallèlement à l'action politique menée par le Conseil national de transition (CNT), qui est "l'interlocuteur de plus en plus reconnu comme incontournable". Le CNT peut aussi "voir qui à Tripoli est prêt à s'associer à ce processus de dialogue national en étant convaincu que Kadhafi doit se mettre maintenant à l'écart", a-t-il poursuivi.

A la question de savoir si Kadhafi était "fini", M. Juppé a répondu par l'affirmative. "Oui, j'en ai tout à fait la conviction. On ne peut pas se maintenir au pouvoir lorsqu'on a fait des milliers de victimes parmi son propre peuple". Dans un entretien la semaine dernière à l'hebdomadaire français L'Express, M. Sarkozy, qui a réclamé à de nombreuses reprises le départ du colonel Mouammar Kadhafi, avait proposé l'organisation d'une "conférence des amis de la Libye" pour préparer l'avenir politique du pays.

La France a été le premier pays à reconnaître le CNT comme l'interlocuteur légitime en Libye, lorsque M. Sarkozy avait reçu le 10 mars à l'Elysée trois émissaires de la rébellion libyenne. Jusqu'à présent, seuls l'Italie, le Qatar, la Gambie et le Royaume-Uni ont fait de même.

Concernant la Syrie, Alain Juppé estime dans ce même entretien publié par Al-Hayat que le régime du présiden Bachar al-Assad risque d'aller droit dans le mur en raison de sa violente répression du mouvement pro-démocratie, a estimé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé dans un entretien publié samedi par le quotidien Al-Hayat.

"Si le régime syrien ne change pas de ligne politique, s'il persévère dans son analyse (...) que les mouvements auxquels il est confronté sont des mouvements séditieux, plus ou moins encouragés de l'extérieur (...), il se trompe et il va dans le mur", a déclaré le chef de la diplomatie française au journal panarabe.

"Un régime qui tire au canon contre sa population perd sa légitimité", a-t-il dit. "Nous souhaitons une Syrie stable mais nous pensons que la vraie stabilité n'est pas dans la répression. Elle est dans la réforme".

Il souligne que le texte des sanctions adoptées par l'Union européenne contre 13 membres du régime syrien "laisse ouverte la possibilité d'étendre la liste" à d'autres responsables, dont le président Assad. Cette première liste "s'est limitée pour l'instant à un certain nombre de noms dans lequel ne figure pas celui du président Bachar parce que plusieurs de nos partenaires considèrent qu'il faut faire preuve à son égard de plus de patience".

"Ce n'est pas le point de vue de la France parce que nous pensons d'ores et déjà qu'il est responsable d'une répression qui a fait plusieurs centaines de morts", a poursuivi M. Juppé, rappelant que Paris cherchait à faire condamner le régime syrien au Conseil de sécurité de l'ONU où Washington considère cependant qu'"il n'y a pas (encore) de possibilité de faire voter une résolution".

M. Juppé a estimé que la répression des mouvements pro-démocratie dans le monde arabe était "inacceptable". - AFP