Sept millions et demi d’électeurs sont attendus le 09 octobre 2011 dans les bureaux de vote camerounais. Le directeur général des élections à Elections Cameroon (Elecam) a révélé ce chiffre le 05 septembre. C’est au conseil électoral d’Elecam d’écrémer la liste des 51 candidats à la candidature.
Parmi eux, les quatre premiers de la présidentielle de 2004 : le président sortant Paul Biya présenté par le RDPC; John Fru Ndi du SDF régulièrement classé deuxième (1992 et 2004) ; Adamou Ndam Njoya de l’UDC et Garga Haman Adji de l’ADD. Pour les observateurs locaux, ce résultat devrait se reproduire.
Parmi les autres concurrents, il y aura certainement deux nouveaux venus anglophones issus des scissions du SDF : Me Bernard Muna et Kah Walla. Dans les poids légers, on note que la candidature de Victorin Hameni Bieleu de l’UFDC, ex-directeur de campagne de Fru Ndi en 1992 et régulièrement candidat, initialement rejetée pour défaut de certificat de nationalité a été acceptée. Hubert Kamgang, Jean-Michel Tekam et Anicet Ekane, déjà de la partie en 2004, représentent la branche nationaliste totalement absente des assemblées nationale et locales. L’inflation de candidatures (une dizaine lors des dernières présidentielles) est parvenue à un point où un candidat qui ne parvenait pas à s’exprimer correctement en français (l’anglais étant l’autre langue officielle) a été relevé.
Après la convocation du corps électoral le 30 août par un décret présidentiel, les polémiques préélectorales ont commencé. A Yaoundé, sous le regard et la protection de forces de sécurité spéciale, les bureaux d’inscription d’Elecam ont continué à inscrire des électeurs, en violation de la loi. Les nombreux retardataires de la bouillante Douala se sont eux vu refuser légalement le droit de s’inscrire.
Des confidences de ministres à l’ex-ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé ont été révélées par Wikileaks. Le vice-Premier ministre en charge de la Justice, numéro deux du gouvernement, Amadou Ali, a ainsi déclaré en 2009 au diplomate que l’élite politique de la partie septentrionale (trois provinces: Extrême-Nord, Nord et Adamaoua) n’accepterait pas qu’un bamiléké (Ouest) ou un Béti (Centre, Sud) succède à Paul Biya, lui-même classé dans le groupe ethnique Béti. En somme, M. Ali redoute la réunion du pouvoir politique et de la dynamique classe d’hommes d’affaires bamiléké et pense que le troisième (comme le premier) président devrait venir du septentrion.
Les observateurs attentifs devront suivre les élections, mais également les manœuvres de l’ombre qui vont ou non refléter l’analyse confidentielle et intrigante du vice-Premier ministre Amadou Ali à l’ambassadeur des Etats-Unis
Selon Amadou Ali, «la seule vraie opposition au Gouvernement de la République du Cameroun est toujours venue des grassfields; les groupes ethniques Bamilékés dans la Région de l'Ouest et les communautés Anglophones dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest […] Biya ne nommera jamais un Béti pour le succéder. Ce serait inacceptable pour le reste des Camerounais, Biya ne prendrait jamais une telle décision. Même si les membres de la tribu de Biya cherchaient à se manifester dans ce sens, ils sont trop peu nombreux par rapport aux nordistes […] Des élites Bamilékés ont approché des élites du nord pour rechercher une alliance entre leurs régions respectives, mais les nordistes et les autres groupes ethniques étaient si soupçonneux des intentions des Bamilékés et craintifs de leur pouvoir économique, qu'ils ne conspireraient jamais pour soutenir un pouvoir politique Bamiléké».
M. Marafa, présenté dans les médias comme le candidat de Paris pour l’après-Biya, a dit craindre en effet d’être emprisonné dans le cadre de l’Opération Epervier qui vise à éradiquer la grande corruption. Sa crainte se justifie puisque avant lui, certains caciques du régime présentés comme des dauphins ont été emportés dans les affaires de détournements de fonds et sont en prison.
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