Une personne a été tuée mardi à Dakar lors de nouveaux incidents entre manifestants et forces de sécurité sénégalaise. Il a péri en marge d'un rassemblement de protestation contre la candidature d'Abdoulaye Wade, 85 ans, à un troisième mandat présidentiel lors de l'élection du 26 février.
La victime, un étudiant âgé de trente ans, a été écrasé par un camion alors que la manifestation dégénérait, a déclaré un responsable du gouvernement sous couvert d'anonymat. Au total trois personnes ont été tuées en quatre jours dont un policier.
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées. La police anti-émeutes sénégalaise les a dispersées à coups de gaz lacrymogènes.
L'appel à manifester lancé par l'opposition et la société civile sénégalaises faisait craindre des dérapages après des violences qui ont déjà fait trois morts en trois jours.
Initialement interdit, un rassemblement de l'opposition et de la société civile, regroupées au sein du Mouvement du 23 juin (M23), a finalement été autorisé en dernière minute par les autorités, selon le M23.
Prévu pour commencer à 15h, heure locale, il a été retardé dans l'attente de l'obtention de l'autorisation nécessaire.
Le M23 a prévu d'organiser plusieurs manifestations et rassemblements dans le cadre de sa campagne «de résistance active et pacifique» destinée à contraindre le président Wade à retirer sa candidature au scrutin dont le premier tour est prévu le 26 février.
Ils ont qualifié cette candidature de «coup d'État constitutionnel», arguant qu'il a épuisé ses deux mandats légaux (élection en 2000, réélection en 2007), ce que récusent ses partisans qui soulignent qu'il est en droit de se représenter après des modifications de la Constitution.
La candidature du chef de l'État n'est pas seulement contestée par ses opposants, les États-Unis l'ayant invité à «laisser la place à la prochaine génération».
«Nous comprenons leur préoccupation, mais c'est trop tard, Abdoulaye Wade est candidat», a répondu El Hadj Amadou Sall, responsable de la campagne de M. Wade.
Le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, a lui estimé qu'être «candidat ne signifie rien». «Le véritable combat, c'est celui que nous devons tous mener pour arriver à une élection transparente», a-t-il affirmé.
Il a mis en garde contre ceux qui veulent «mener ce pays au chaos», en ajoutant que le pouvoir entendait «faire respecter l'ordre» au Sénégal.
Deux civils ont été tués par balle lundi lors d'une manifestation de militants du M23 à Podor, dans le nord.
Dans ce contexte, la France a réaffirmé mardi son «attachement au droit à manifester pacifiquement». L'Union européenne a quant à elle «condamné dans les termes les plus forts tous les actes de violence» et appelé «toutes les parties à faire preuve de retenue et à opter pour le dialogue, dans l'intérêt de la tenue d'élections pacifiques, libres et équitables». – AfricaLog avec agence