Révolution dans le landernau politique béninois ! Pour la présidentielle de mars 2011, l’opposition, du moins celle la plus en vue, présentera un candidat unique. Une première dans l’histoire politique de l’ex-Dahomey. Réunies au sein d’une coalition, « l’Union fait la nation », six formations sont parvenues à faire table rase de leurs vieilles inimitiés en désignant un représentant à la joute électorale de mars prochain. Et c’est à Adrien Houngbédji, président du parti du renouveau démocratique (PRD), qu’est revenue la lourde charge d’enfiler le costume chamarré du picador.
Un choix qui n’étonne personne pour qui connaît la carrière professionnelle et, surtout, le parcours politique de cet homme. Procure de la République, puis avocat qui fit fortune, entre autres, au Gabon, Adrien Houngbédji fut tour à tour président de l’Assemblée nationale béninoise de 1991 à 1995 puis Premier ministre en 1996. Trois fois candidat malheureux à la magistrature suprême, arrivé deuxième à la présidentielle de 2006, derrière un bleu de la scène politique en la personne de l’actuel chef de l’Etat, Thomas Yayi Boni, le vieux sexagénaire a tout, ou presque pour réussir la mission à lui assignée.
Pour peu que « l’Union fait la nation », elle qui fait aussi la force, résiste à l’usure du temps et aux inévitables stratagèmes visant à la démanteler. Car nous sommes à onze mois de l’échéance présidentielle. Temps suffisamment long pour faire pousser la graine de la division dans cette coalition qui entend prendre de la graine des récents déboires électoraux des oppositions gabonaise et togolaise en particulier.
On se rappelle en effet que les présidents Ali Bongo, et Faure Gnassingbé ont triomphé sans coup férir d’un troupeau d’adversaires qui, unis, auraient, sinon remporté la victoire, au moins fait un score honorable. C’est en cela qu’il convient de saluer cette leçon de lucidité politique venue du Quartier Latin dont le jeu démocratique nous séduit chaque jour que le dieu vaudou fait.
Reste maintenant à se demander si ce « Tous contre Yayi » produira les effets escomptés si Dieu venait à prêter longue vie au G 6. Car une chose est de s’unir et une autre est de jouer vraiment solidaire. Et sur ce second impératif, rien n’est gagné d’avance.
Autre donne dont il faut tenir compte, c’est l’éventualité de la candidature d’Abdoulaye Bio, actuel président de la Banque Ouest-africaine de développement (BOAD). Au cas où cet autre nouveau venu de la scène politique briguerait la magistrature suprême, à qui appellera-t-il à voter au second tour (s’il n’est plus de la course) ? Au porte-flambeau de « l’Union fait la nation » ou, plutôt au président sortant ?
De toute évidence, telle une jeune fille, il recevra de part et d’autres, de nombreuses avances. Et dans cette nouvelle rivalité, le camp présidentiel semble favori, lui qui dispose, comme partout dans le continent noir, de plus de moyen de séduction. Mais qu’à cela ne tienne, parvenir à s’entendre sur une candidature unique est déjà une victoire en soi. Une victoire de l’opposition contre ses propres monstres.
Ce cas béninois prospérera-t-il sous d’autres contrées, comme chez nous au Burkina Faso. En tous cas, demain n’est pas la veille. A quelque huit mois du scrutin présidentiel burkinabé, on voit déjà s’élever des fumées blanches au-dessus de plusieurs chapelles politique. – L’observateur Paalga