Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara ont pris mercredi le contrôle de la capitale politique Yamoussoukro (centre), au troisième jour de leur offensive, ont indiqué à l'AFP plusieurs habitants.
"Tout est OK, la gare routière, la gendarmerie, sont occupées par les Forces républicaines (pro-Ouattara), on ne voit plus de FDS", les Forces de défense et de sécurité fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, a déclaré un habitant joint par téléphone.
D'autres habitants ont confirmé le contrôle de la capitale politique, comptant environ 150.000 habitants, faisant état de scènes de liesse dans les rues.
"On voit les Forces républicaines circuler dans des 4X4 à travers la ville. Depuis un moment, on ne voit plus les FDS", les Forces de défense et de sécurité fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, avait déclaré un peu plus tôt une habitante jointe au téléphone.
"J'ai vu plusieurs FDS abandonner leur véhicule et prendre la fuite après avoir retiré le haut de leur treillis", avait ajouté un autre habitant.
Des tirs de kalachnikov avaient été entendus en début d'après-midi mais il semble que les combattants pro-Ouattara aient pris le contrôle sans combats violents avec leurs adversaires de Yamoussoukro, village natal du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny (1960-93) devenu capitale politique du premier exportateur mondial de cacao.
Selon plusieurs témoignages, les forces pro-Ouattara ont poursuivi leur route vers le sud, ne laissant qu'un petit détachement dans la capitale politique.
Un habitant de Toumodi (50 km au sud de Yamoussoukro) a assuré avoir entendu des tirs dans l'après-midi dans cette localité, située à environ 200 km d'Abidjan.
Ces combats, quatre mois après le début d'une crise post-électorale ayant fait, selon l'ONU, au moins 460 morts et déplacé près d'un million de personnes, provoquent de nouveaux mouvements de population, comme à Duékoué (ouest) où 10.000 civils ont trouvé refuge à la mission catholique.
Les Forces républicaines de M. Ouattara, regroupant essentiellement les ex-rebelles qui tiennent le Nord depuis 2002, ont aussi pris Tiébissou, à 40 km au nord de la capitale, et Soubré, à 130 km au nord de San Pedro (sud-ouest).
Elles avaient remporté d'importantes victoires mardi, en entrant à Duékoué, Daloa (centre-ouest) et Bondoukou (est), mais aussi Abengourou (sud-est), à seulement 220 km de la capitale économique Abidjan.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally Coulibaly, a assuré que les forces de son camp contrôlaient "les trois quarts" du pays.
Dans leur offensive, les forces pro-Ouattara, équipées de mortiers et de lance-roquettes notamment, progressent, non seulement vers le centre, mais vers l'est et l'ouest.
Sur le front est, ils avancent rapidement, sans rencontrer de fortes résistances, s'approchant toujours un peu plus d'Abidjan, coeur du régime Gbagbo, où de nouvelles recrues commençaient mercredi à se faire enrôler dans l'armée du président sortant.
Sur le front ouest, de violents combats ont eu lieu, en particulier à Duékoué - où au moins 10.000 civils se sont réfugiés dans la mission catholique, selon Amnesty International - mais les combattants visent San Pedro, , plus important port d'exportation de cacao au monde.
Plus de 400.000 tonnes de cacao sont bloquées depuis l'appel du camp Ouattara à cesser les exportations. Cette mesure a encore été renforcée par des sanctions occidentales.
Isolé diplomatiquement, de plus en plus asphyxié économiquement, sur la défensive militairement, le camp Gbagbo a appelé mardi soir à un "cessez-le-feu immédiat", se déclarant prêt à des négociations avec le camp rival sous l'égide de l'Union africaine début avril à Addis Abeba.
Mais avant même cette demande de cessation des hostilités, M. Ouattara et ses alliés avaient tranché: "toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gbagbo à reconnaître sa défaite (à la présidentielle de novembre) sont épuisées".
Et mercredi, Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara, a confirmé cette ligne, demandant aux partisans de M. Gbagbo de "déposer les armes" en estimant que l'appel au cessez-le-feu était une "diversion".
Tout en se disant prêt au dialogue, le camp Gbagbo se prépare en effet aux affrontements à venir, notamment la très redoutée bataille d'Abidjan, dense métropole comptant avant la crise 5 millions d'habitants et jadis eldorado pour toute l'Afrique de l'Ouest. - AFP