Le contingent militaire guinéen pour le Mali a quitté Conakry via Dakar. A l’occasion de son récent séjour en France, le Président de la République avait plaidé pour la solution militaire pour venir à bout de ce qui se joue au Nord du Mali. Le Prof. Alpha Condé avait ainsi déclaré qu’«il faut lutter militairement contre Al-Qaïda et les autres qui sont en train de détruire ce qui fait la gloire de l`Afrique» et qu’«Il est évident que la solution avec le mouvement islamiste n`est pas de négociation mais une solution militaire » tout en espérant que « rapidement une résolution du conseil de sécurité » dans ce sens. Il a attiré l’attention sur le fait que « la crise malienne dépasse le champ géographique de la CEDEAO. Elle touche aussi la Mauritanie, l’Algérie et le Tchad. Si le Sahara devient, sous les coups des islamistes, un nouvel Afghanistan, c’est tout le continent qui sera déstabilisé».
Un appel qui a semblé entendu par la communauté internationale. Ainsi, le 5 juillet dernier, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2056 en notant qu’il «prend note de la demande que lui ont adressée la CEDEAO et l’Union africaine afin qu’il autorise le déploiement d’une force de stabilisation de la CEDEAO pour accompagner le processus politique au Mali et aider à préserver l’intégrité territoriale du pays et contribuer à lutter contre le terrorisme».
Le Chef de l’Etat guinéen avait également souhaité «l’appui logistique et autre et aérien des grandes puissances. Mais au sol il n’y aura que des troupes africaines».
C’est dans le cadre de cette résolution et pour être en phase avec sa position historique que la Guinée a dépêché un contingent militaire qui était déjà pré-positionné, à partir de ce samedi 7 juillet 2012 pour se joindre à la Force en attente à Dakar.
Il s’agit pour ces militaires guinéens, de renforcer la capacité de frappe de la Force en attente mise sur pied par la CEDEAO avec l’appui de la France.
En décidant de l’envoi de cette troupe armée, le Président Alpha Condé observe une logique: «Mon pays a une très grande frontière avec le Mali. Le Mali et la Guinée, c’est le même peuple. Ce qui arrive aux Maliens, arrive aux Guinéens. Nous ne craignons pas d’être déstabilisés par l’arrivée des réfugiés Maliens. Mais nous ne pouvons pas accepter la scission du pays, l’exercice du coup d’État comme pratique du pouvoir».
D’autre part, pour le Chef de l’Etat guinéen, «nous n’acceptons pas que des Maliens ne puissent plus vivre comme ils l’entendent, ne puissent plus porter de jeans, jouer au football. Nous refusons de voir nos sœurs du nord obligées de se couvrir l’ensemble du corps pour sortir. Nous ne pouvons pas tolérer que l’on détruise les mausolées et les mosquées historiques de Tombouctou, que l’on saccage les trésors et le patrimoine de l’Afrique au nom d’une lecture de l’islam étrangère à nos traditions et à notre histoire».
«C’est pourquoi, nous sommes décidés à envoyer des troupes au Mali», martèle-t-il en faisant remarquer qu’«elles sont entraînées par l’armée française en vue d’une intervention au Mali».
Le nombre de ces militaires se situerait entre 100 à 150 personnes. La cérémonie de préparation pour le départ a eu lieu vendredi au Bataillon du Quartier Général "BQG" (camp "Almamy Samory Touré") sous la présidence du Ministre délégué à la Défense Me Abdoul Kabèlè Camara. On notait la présence de la hiérarchie militaire dont le Chef d'état-major général des armées, général Souleymane Kèlèfa Diallo.  
Il faut souligner que le Chef de l’Etat guinéen a toujours défendu l’idée d’une intervention d’une force africaine au Mali depuis le début de la crise: «il est évident que la solution avec le mouvement islamiste n`est pas de négociation mais une solution militaire».
Déjà, le vendredi 2 mars 2112, le Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, à la tête d’une forte délégation gouvernementale avait été dépêché par le Président Alpha Condé auprès de son homologue de l’époque, Amadou Toumani Touré, ATT.
A la sortie de l’audience, l’émissaire guinéen avait déclaré à la presse: «Nos deux pays ont de relations d’amitié très profondes. De telle sorte que quand il y a la joie en Guinée, les Maliens se réjouissent. Et quand il y a un malheur, les Maliens sont affligés et vice versa.
Au-delà de ces relations historiques, le président Alpha Condé et son frère Amadou Toumani Touré entretiennent des relations d’amitié particulières et de compréhension mutuelle. Je suis ici pour transmettre ses salutations aux autorités et peuple maliens et pour traduire l’amitié du peuple guinéen au peuple malien» devait ajouter M. Saïd Fofana.
AfricaLog apprendra plus tard, au-delà de ces termes consacrés et employés par l’Envoyé spécial du Président Alpha Condé que le Président ATT avait sollicité l’aide militaire guinéenne.
Malheureusement, à l’époque, les hélicoptères de combat guinéens qui étaient notamment concernés par cette demande étaient en panne.
La force africaine actuellement en attente à Dakar au Sénégal aura pour mission de sécuriser le gouvernement central de Bamako. Et s’attèlera à restaurer l’unité du Mali, un pays coupé en deux depuis le 1er avril suite à une annexion de la partie septentrionale par des bandes armées proclamant l’indépendance de l’Azawad.
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