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Nicolas Sarkozy à la recherche d'un nouveau départ au Gabon et au Rwanda

Feb 23, 2010

Près d'un an après sa dernière visite en Afrique, Nicolas Sarkozy retourne mercredi et jeudi sur le continent noir pour "couronner" par sa présence la reprise des relations diplomatiques avec le Rwanda et clore un chapitre douloureux de l'histoire récente entre les deux pays. Il apporte par ailleurs un message de soutien et d'amitié au pilier africain que restent le Gabon et son nouveau président, Ali Bongo.

Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy ne s'attardera pas, la partie rwandaise de la visite se résumant à quelques heures jeudi, le temps d'un déjeuner avec le président Paul Kagamé et d'une courte cérémonie au mémorial du génocide de 1994, où gisent les corps de plus de 250.000 victimes. Mais il n'y prononcera pas de discours et ne présentera pas les excuses officielles de la France attendues par une partie de la population.

"On n'a pas eu l'impression que le président Kagamé attendait des excuses", a-t-on assuré à l'Elysée, en affirmant qu'il n'était pas question pour autant "d'enterrer le passé". "Des choses fortes ont déjà été dites", estime-t-on encore dans l'entourage de M. Sarkozy, rappelant que les relations diplomatiques entre Paris et Kigali avaient été rompues en 2006 puis reprises fin 2009 "à l'initiative" des Rwandais, qui devaient donc y "voir un intérêt".

Les relations franco-rwandaises avaient été mises à mal par la délivrance en 2006 de mandats d'arrêt internationaux visant neuf proches de Paul Kagamé dans la procédure antiterroriste menée par le juge Jean-Louis Bruguière sur l'attentat ayant visé l'avion du précédent président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, considéré comme le point de départ du génocide.

Soupçonnant le magistrat d'être aux ordres des autorités françaises, Kigali avait immédiatement rompu les liens avec Paris. Il aura fallu plusieurs rencontres au sommet, y compris entre MM. Sarkozy et Kagamé en marge de réunions internationales, pour renouer le fil. Mais pour de nombreux Rwandais, la France, dont l'armée était présente lors du génocide, a au mieux fermé les yeux ou, pire, s'est rendue complice des exactions.

En janvier, une commission d'enquête rwandaise a conclu que des soldats hutus de l'armée rwandaise, équipée par la France, avaient abattu l'avion du président Habyarimana, déclenchant le génocide. Les extrémistes hutus ont massacré plus de 500.000 Tutsis et Hutus modérés en 100 jours, jusqu'à la victoire du Front patriotique rwandais (FPR) dirigé par Paul Kagamé.

L'exercice s'annonce donc délicat pour Nicolas Sarkozy, qui proposera la création d'une commission d'historiens franco-rwandaise pour faire toute la lumière sur le passé, et la tenue d'une conférence pour relancer la coopération économique dans la région des Grands lacs.

Cette conférence pourrait se dérouler en deux temps, en mai au niveau des chefs d'Etats en marge du sommet Afrique-France, puis à un niveau ministériel au mois de juin en présence de l'ensemble des bâilleurs de fonds, selon l'Elysée. Il s'agit d'"aider ces pays à surmonter les graves crises qui les ont opposés" par le financement de "projets de coopération régionale". Nicolas Sarkozy avait suscité l'inquiétude en évoquant en janvier 2009 l'idée d'un "partage" de l'"espace" et des "richesses" de la République démocratique du Congo (RDC), riche en minerais.

Au Gabon, Nicolas Sarkozy, qui s'était enorgueilli de vouloir enterrer la Francafrique, doit s'incliner dès son arrivée sur la tombe d'Omar Bongo, le père de l'actuel président, qui a dirigé le pays allié historique de la France d'une main de fer durant 40 ans.

Pour l'Elysée, cette visite doit marquer "un nouveau départ de cette relation dans un cadre plus partenarial", à l'exemple de ce que la France "souhaite établir avec l'ensemble de l'Afrique". "Les circonstances s'y prêtent", affirme un conseiller de Nicolas Sarkozy vantant les mérites d'Ali Bongo, "un président jeune, moderne, dynamique et animé d'une véritable volonté de l'effort". Le chef de l'Etat serait cependant "disposé" à rencontrer l'opposition, qui a contesté la régularité de l'élection du fils d'Omar Bongo l'an dernier. - AP